|
Trois Séquences
L'œuvre est composée à partir de trois séquences principales d'images, chacune représentant un des lieux primordiaux d'existence et de mort dans le camp de concentration de Dachau. Il s'agit des baraquements, où les prisoniers, qui étaient pour la plupart asujettis au travail en esclavage, habitaient ; le bunker, où les prisoners étaient enfermés et torturés par les SS ; le crématoire, où les dépouilles de ceux qui étaient soit assassinés, soit mort de maladie ou fatigue, étaient éliminées.
Les images constituantes sont presentées dans l'inventaire.
Les trois séquences sont agencées verticalement sur l'écran, les baraquements occupant le tiers supérieur, le bunker le tiers inférieur, et le crématoire entre les deux. Tant que le spectateur n'intervient pas, les images des trois séquences de se mélangent entre elles dans un fondu sans fin. Le spectateur interagit avec l'œuvre en déplacant la souris vigoureusement. Cela induit une accélération au niveau de l'œuvre, et chacun des trois lieux occupe l'écran à son tour, en fonction des agissements de la souris.
Ceci est présenté dans la partition.
Géométrie
La juxtaposition continuelle des images revèle la géométrie sous-jacente des divers artefacts manufacturés qui constituent l'environnement du camp de concentration. Avant qu'on ait amené des gens à Dachau pour mourrir, des ingénieurs et des artisans, commerciaux et sous-traitants s'y sont rendus pour le construire et l'aménage avec des objets ordinaires, lits, portes, sanitaires ; et des moins ordinaires, barreaux, fours...
Aujourd'hui ces artefacts de l'horreur ont phagocyté le présent, le vide insoutenable du lieux résonne avec la présence de tous ceux dont l'absence est partout marquée.
Ce changement géométrique perpétuel au sein du tableau est le point d'entrée dans l'œuvre, car l'assocation aléatoire des objets crée des instants d'harmonie visuelle qui sont tout le contraire du sens de Dachau. La géométrie est un concept fabriqué par l'esprit, elle se situe à la confluence de la science et de l'art. En tant que telle, elle ne pouvait être qu'humaine et civilisationnelle, or ici son esthétique est associée à la barbarie la plus indicible à laquelle art et science, en tant qu'actes d'engagement humain, auraient du s'opposer, mais qu'ils ont échoué à faire. Le malaise créé par la contradiction entre la réalité de Dachau et le caractère contemplatif, voire hypnotisant, des images sert à ouvrir une réflexion sur la nature traitre de l'esthétique elle-même : socialement et culturellement, l'esthétique est perçue comme porteuse de valeurs positives, or en vérité elle se situe en dehors de tout système moral. L'association entre "beau" et "bien" est opportuniste et parfois litigieuse.
Le battement de Cœur
La mémoire de ceux qui ne sont plus là est symbolisée par le battement de cœur qui rythme l'œuvre. Ainsi les espaces vides, désormais "paisibles", de Dachau sont "rendus" à ceux qui y ont séjourné.
On peux se demander si le battement constant du cœur, s'infiltrant dans l'enceinte de la conscience humaine à des moments de sérénité ou de grand stress ou de détresse, a éduqué nos esprits durant le long chemin de l'évolution à l'appréciation et à la compréhension de l'harmonie en musique et en géométrie.
Le battement change, s'accélère et devient plus fort, s'essouffle, se transforme en tonnerre, à mesure que le spectateur interagit avec l'œuvre, cessant finalement de battre quand on quitte le crématoire...
"Dachau : le Prototype" ne peut pas être visionné sur internet : si cette œuvre vous intéresse, veuillez contacter joetopia, afin de recevoir un CD-ROM. |
|
|
|