Magelis, une maison d'édition multimédia, a été fondée
par ma femme, Sylvie, et moi-même, en septembre 1993, quand l'industrie
du multimédia était à ces débuts. L'entreprise
a existé durant onze années, avec des hauts et des bas.
Elle a été liquidée en 2005, et a fini par être
rachetée par la société Takoma.
J'étais PDG de la société. Sylvie, cinéaste
de formation et conteuse, était responsable de la conception et
de la réalisation. Le noyau de l'équipe de production était
composée des personnes suivantes, présentes à des époques
différentes : Philippe Bertrand, Laure Calandre, Fabrice Ferries
(graphistes), Pierre Priot (ingenieur multimédia), Laurent Padiou
(animateur Flash), Boris Alet (programmeur PHP et MySQL), Mamy Rasolomona,
Erwane Monthubert (scenaristes, chefs de projet). L'équipe commerciale
et administrative était composée de : Nathalie Burel,
Véronique Boulmer, Patrick Augé et Sonia Gonzalez.
Magelis a été créée autour d'un travail expérimental :
une bande dessinée interactive, qui a été réalisée
en 1992 et qui a reçu la mention "Remarquable" dans le
premier concours "New Voices, New Visions" organisé à New
York en 1994 par The Voyager Company. Les possibilités inédites
ouvertes par les médias interactifs, explorées au sein de
cette œuvre, ont impulsé la création de Magelis. L'objectif
initial de la société était la réalisation
d'une version commerciale de cette bande dessinée interactive :
la quête infructueuse d'un financement pour ce projet a hanté l'histoire
entière de la société. En 1997 nous avons réalisé un
autre prototype de BD interactive, appelé “Surexposé !”
La carrière d'éditeur de Magelis, de courte durée,
a permit la réalisation de deux cédéroms. "Panique à l'Ecran" (1994)
- jeu de mémoire basé sur la video. "Charivari de Chat-Mâlo" (1996)
- un jeu-histoire dans un village de chats, pour les jeunes enfants.
Faute de moyens financiers suffisants pour l'édition, Magelis s'est
réorientée vers le marché professionnel, offrant
des prestations de service en création et réalisation de
sites web et de cédéroms.
La société a toutefois maintenu une plateforme de recherche
créative, fournissant à nos clients le meilleur multimédia
du moment. Au fil des années, nous avons fidélisé une
clientèle vaste, à la fois en région toulousaine
et à Paris. Notre spécialité était la représentation
de contenus, la narration interactive et la simulation. Nous avons privilégié dans
notre travail le développement des aspects pédagogiques
et le sens du sujet traité.
La société a travaillé pour des clients industriels,
prestataires de services, administrations, oragismes culturels, environmentaux,
l'éducation, le tourisme, la santé. Parmi eux : le
CNES (Centre National des Etudes Spatiales), le Ministère des Affaires
Etrangères, l'Assemblée Permanente des Chambres de Métiers,
la chaîne de télévision France 5, le groupe de musique
Zebda, les Banques Populaires, le Centre de Formation de la Profession
Bancaire, l'Aérospatiale, British Aerospace, Sanofi, l'industrie
porcine française, une fonderie de bronze pour artistes, une carrière
de granit, les Pompes Funèbres Municipales de Toulouse... Plus
d'une centaine de clients, à voir dans la rubrique références sur le site web de Magelis.
Nous nous sommes toujours engagés pleinement dans notre travail,
quel ques soient les questions traitées - d'ordre scientifique,
social, culturel... Parmi les missions dont nous sommes les plus fiers :
un cédérom combattant les discriminations raciales à l'embauche,
réalisé pour l'Assemblée Permanente des Chambres
de Métiers ; un cédérom et un site web expliquant
les satellites océanographiques Topex-Poseidon et Jason pour le
CNES ; un site web décortiquant le conflit israélo-palestinien
pour France 5.
Le processus de production était basé sur une méthode
de travail collégiale, où la dignité et la créativité de
chaque membre pouvait s'exprimer tout en restant partie d'un tout. La
nature collective du projet articulait la complémentarité entre
les compétences de chaque individu. Le système de valeurs
de Magelis était toujours fondé sur des relations humaines,
la créativité et la qualité de production étant
placés avant les impératifs financiers. La rentabilité devait
assurer la viabilité de l'activité - mais l'activité ne
devait jamais être un simple véhicule de profit. Toujours
fragile financièrement, Magelis, en fin de compte, était
incapable de résister aux aléas économiques du marché du
multimédia.
La société a toujours cherché à embaucher
des personnes ayant une activité artistique personnelle - leur "jardin
secret" - car ce gage de talent et de spiritualité, entremêlé avec
Magelis, était source de bien-être pour notre existence professionnelle
collective. Le modus vivendi de Magelis était fait d'amitié et
de respect mutuel, avec une incroyable bonne humeur. A 16h30 chaque après-midi,
l'équipe faisait bruyamment la fête pendant une minute (avec
la participation de la dentiste depuis son cabinet à côté). |