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La ville de Jérusalem est un amoncellement de dualités, à commencer
par son nom et allant bien au-delà du conflit qui la déchire,
entre Israël et la Palestine. Malgré sa réunification
en une seule entité municipale suite à l'occupation
en 1967 par Israël de la partie est, qui était auparavant
sous contrôle jordanien, chaque partie s'enferme dans son propre
récit : libération et sauvegarde d'une identité juive à l'épreuve
de la Shoah pour Israël, occupation et dépossession pour
les palestiniens.
Cette dualité s'exprime à travers la symbolique spirituelle,
qui parle de "Jérusalem terrestre" et "Jérusalem
céleste". Son "esprit du lieu", découlant
de sa configuration géographique, se manifeste à travers
des perceptions de hauteur : la ville est surplombée par
des collines, et en même temps, elle surplombe la vallée
de la Mer Morte... les jours de brume, on peut regarder à partir
de Jérusalem vers l'abîme, et ne jamais voir le fond.
Ce projet constitue mon travail de fin d'études à l'Ecole
d'Architecture et d'Urbanisme du Technion (Institut Israélien
de Technologie) à Haïfa. J'ai choisi de travailler sur
Jérusalem car il s'agit d'une ville archétypique, microcosme
du drame et de l'espoir humain, un lieu de désir, et de rencontre
culturelle entre les mondes islamiques et européens.
Le projet traite de la réhabilitation d'un site dans le centre
ville ouest, israélien, à un endroit, où - à l'époque,
début 1981 - un grand trou avait été creusé pour
les fondations d'un immeuble de grande hauteur. Le parti pris du projet était,
au contraire, de développer un tissu urbain bas et dense, en
harmonie avec le bâti traditionnel de la ville. De façon
fonctionnelle, le projet assurait la transition entre les activités
commerciales du centre ville, et le quartier à dominante résidentielle
qui le jouxte. Son système circulatoire était bâti
sur un réseau de chemins pédestres à différents
niveaux, superposant une route et des parkings.
Une grande attention a été accordée aux questions
de lumière, qui, à Jérusalem, ville de montagne
située au bord d'un désert, est claire et pénétrante.
Donc la structure architecturale du projet était sculptée
comme matériau d'absorption et de distribution de lumière
en profondeur, le projet étant à moitié troglodyte.
Au lieu de présenter devant le jury une série de plans
montrant un projet fini, j'ai exposé des documents de recherche
et de travail. Ainsi, le sens de l'œuvre s'est exprimé à travers
le processus créatif qui a régit l'évolution du
projet, et à travers l'élaboration des concepts urbains
sous-entendant le projet.
Le projet était tutoré par le Professeur Leopold Gerstel.
Ce travail a reçu le prix annuel, au nom de l'architecte Sigmund
Brawerman, pour "un travail excellent de créativité et
de talent architectural". Il a été publié dans
le recueil "Architecture en Israël" 1982-3. |
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